Dans la série tour du monde des arts martiaux, après la Russie et le Brésil, nous allons nous intéresser au Vietnam. Contrairement aux précédents qui sont des sports de combat, le viet vo dao développe également une philosophie de vie, comme la plupart des arts martiaux asiatiques.

La photographie servant de logo à l’article représente Nguyen Loc, fondateur de ce style.


Histoire et développement

Le fondateur du Viet Vo Dao est le Grande Maître Nguyen Loc. Dès son enfance, il s’est passionné pour les arts martiaux et la lutte vietnamienne. Ayant grandi pendant la colonisation française, il rêvait de contribuer à bâtir, par le biais des arts martiaux, une génération des jeunes patriotes, ayant une volonté d’acier, une grande force et une capacité de défense. C’est pourquoi, outre le perfectionnement des connaissances culturelles, il a beaucoup étudié les arts martiaux afin de fonder une nouvelle discipline qui convienne à la constitution physique des vietnamiens (qui sont minces mais rapides et souples). Il nomma cette nouvelle discipline le Vovinam. Ses études achevées en automne 1938, il s’est mis à entraîner expérimentalement certains de ses proches. Environ un an après, cette première promotion a fait une démonstration devant le public au Grand Théâtre de Hanoi. Cette démonstration a connu un très grand succès et la première classe officielle de Vovinam a été inaugurée à l’Université de pédagogie de Hanoi au printemps 1940.

Mais alors que le Vovinam débutait seulement et qu’il restait encore beaucoup de difficultés, Nguyen Loc est mort le 29 avril 1960 à Saigon (qui est devenu aujourd’hui Hochimin Ville), à l’âge de 49 ans, après avoir confié la mission de Maître Patriarche au Maître Le Sang. Cependant, les activités des disciplines d’arts martiaux étaient très limitées. Pendant la période 1961-1963, le Vovinam n’était enseigné que dans quelques lycées privés.

Héritier des idées du Grand Maître Nguyen Loc, le Maître Patriarche Le Sang et les Maîtres Tran Huy Phong, Nguyen Van Thu et Manh Hoang ont restructuré le système de façon plus scientifique et plus moderne. Grâce à cette restructuration, le mouvement du Vovinam s’est développé de plus en plus dans les provinces du Sud. Depuis l’ouverture des classes de Vovinam dans les établissements scolaires en 1966, le terme Viet Vo Dao a été ajouté au nom du Vovinam qui est devenu alors le Vovinam Viet Vo Dao, ceci pour rappeler aux jeunes la philosophie de la vie du pays afin qu’ils puissent se perfectionner sur les trois points suivants : l’esprit, l’intelligence et la force physique pour servir au pays et à l’humanité. Accompagnant les disciples qui sont partis à l’étranger, le Vovinam est apparu dans quelques pays européens en 1973.

Philosophie

Le salut du Viet-vo-dao symbolise la philosophie de cet art martial. Son symbole est la main d’acier sur le cœur de bonté : la main d’acier représente la force et l’entraînement persévérant, tandis que le cœur de bonté représente la perception de la philosophie des arts martiaux. Le disciple, en faisant ce geste, indique qu’il n’utilisera son art que pour la défense, pas pour la vengeance ou l’attaque. Cet art implique la tolérance vis à vis des autres. Le salut se fait à travers 2 actions :
– Nghiem le (prêt à saluer) : se tenir droit, en garde, main droite sur le cœur avec les doigts serrés. La main droite et le bras droit doivent être parallèles avec le sol.
– Lê (salut) : se pencher en avant jusqu’à ce que le poing gauche touche le genou gauche, le corps bien équilibré, le regard fixé devant soi, en direction de la personne qui reçoit le salut, maintenir cette position pendant environ 2 secondes puis retourner à la position en garde.

La philosophie du Viet-vo-dao tient en dix préceptes traditionnels :
0l. Atteindre le plus haut niveau de l’Art pour servir I’Humanité
02. Etre fidèle à l’idéal du Vovinam Viêt-Vo-Dao et dévoué à sa cause
03. Etre toujours unis, respecter les Maîtres et les aînés, aimer les condisciples
04. Respecter rigoureusement la discipline, placer I’Honneur au-dessus de tout
05. Respecter les autres Arts et n’utiliser le Vovinam Viêt-Vo-Dao que pour la défense légitime
06. Cultiver la connaissance, forger l’esprit, progresser dans la voie
07. Vivre avec probité, simplicité et noblesse d’esprit
08. Développer une volonté d’acier pour vaincre les difficultés
09. Etre lucide, persévérant et actif
10. Etre maître de soi-même, modeste, respectueux, tolérant et progresser en se jugeant soi-même

Techniques

Le Viet-vo-dao utilise les techiques de base du vo vat, la lutte vietnamienne, combiné à des techniques de judo et des techniques supplémentaires comprenant 16 techniques de coups de pied volants, 7 techniques de poing (dam), 11 techniques de pied (da), 8 techniques de « sabre de main » (chem), 8 techniques de revers de poing (dam bat), 4 techniques de coups de coude (cho), 4 techniques de coups de genou (goi), 5 techniques de ciseaux (dan chuan), 12 techniques de couteau (dao), ainsi que les techniques de défense contre les attaques armées (song luyen), divers quyen (combats imaginaires), des blocages et des gardes (thu phap).

Les positions de base (il en existe de nombreuses autres dont certaines sont assez acrobatiques) sont:
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– Trung Binh Tan: la position du cavalier. Le poids est réparti également, l’écartement des pieds est le double de la largeur des épaules.
– Lap tan: la position de force. C’est une garde traditionelle dans de nombreux arts matiaux.
– Dinh Tan: la position de la poutre. Une position de base dans de nombreux arts martaux, avec 70% du poids vers l’avant, le jambe avant pliée à 45° et la jambe arrière tendue.

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– Xa Tan Thap: la position basse du serpent. Le poids porte sur l’arrière et le corps es incliné vers l’arrière.
– Quy Tan: la position du respect. C’est une positin avec un genou à terre, et une garde lointaine.

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Il serait vain de détailler l’ensemble des techniques, qui comprend à la fois des techniques de base d’attaque et des techniques de lutte au corp-à-corps (clés, prises…). Je vais donc plutôt m’attacher à la grande spécificité du Viet-vo-dao, les ciseaux ou Don Chan.
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Ces techniques ont été créées pour lutter contre l’envahisseur mongol, aux nombreuses troupes montées faisant face à des fantassins. La forme principale des cseaux est le ciseau à la tête, qui vise à saisir la tête entre les deux jambes puis en pivotant, à renverser l’adversaire (ce qui est terrblement efficace contre un cavalier).

Règlement des combats

Les combats nécessitent trois juges et un arbitre au centre du tapis, lequel doit être le plus acien ou gradé des juges. Ils peuvent interrompre le combat à tut moment s’ils estiment qu’un des concurrents est en danger ou a une attitude incorrecte.

Les combats durent deux minutes, plus une prolongation d’une minute en cas d’égalité. Si la prolongation ne permet pas de départager les concurrents, il est tenu compte des avertissements reçus.

Les coups interdits sont les suivants: les coups portés aux parties génitales, à la nuque, au cou, et au visage (sauf les coups de pied), ainsi que les fauchages destinés à blesser et non à faire tomber. Si un coup interdit est porté, l’arbitre arrête le combat et désigne avec le bras le compétiteur sanctionné.

Le décompte des points se fait comme suit:
– 1 point pour les chem (sabre) et les dam (coups de poing) portés entre la ceinture et le cou.
– 2 points pour les da (coups de pied) entre la ceinture et le cou et les balayages efficaces.
– 3 points pour les da retournés, sautés et au visage, les don cha (ciseaux) et les techniques de lutte (vo vat).
– Les points s’annulent si les combattats se touchent en même temps.
– 2 ou 3 points sont retirés pour les coups interdits.