Un livre coup de groin ! ! !
« Si vous lisez ceci, alors cet avertissement est pour vous. Chaque mot que vous lisez de ce texte inutile est une autre seconde perdue dans votre vie. N’avez-vous rien d’autre à faire ? Votre vie est-elle si vide que, honnêtement, vous ne puissiez penser à une meilleure manière de passer ces moments ? Ou êtes-vous si impressionné par l’autorité que vous donnez votre respect et vouez votre foi à tous ceux qui s’en réclament ? Lisez-vous tout ce que vous êtes supposés lire ? Pensez-vous tout ce que vous êtes supposés penser ? Achetez-vous ce que l’on vous dit d’acheter ? Sortez de votre appartement. Allez à la rencontre du sexe opposé. Arrêtez le shopping excessif et la masturbation. Quittez votre travail. Commencez à vous battre. Prouvez que vous être en vie. Si vous ne revendiquez pas votre humanité, vous deviendrez une statistique. Vous êtes prévenu… Tyler »
Il était normal que je parle de l’une de mes histoires cultes… C’est un peu grâce au livre et au film que j’ai découvert par hasard Active Fighting Club… à l’époque je cherchais des informations sur Chuck PALAHNIUK et la magie des liens sur Internet a fait le reste… C’est fou comme le hasard fait bien les choses, non ?
Le film est sorti le 15 octobre 1999 aux USA…Je ne vous ferais pas l’affront de faire un laïus sur les acteurs du film, tous extraordinaires même si ma petite préférence va à Edward…(Oooohhh Edward ! 😉 ). Je m’attarderais plutôt sur l’histoire de Monsieur Chuck PALAHNIUK.
Fight Club est né en 1996, écrit en trois mois seulement, c’est son premier roman.
Il analyse notre société occidentale, cette civilisation surdouée qui s’est peu à peu déshumanisée. PALAHNIUK y démontre le conditionnement humain par la frustration et le fantasme ainsi que les troubles de l’identité masculine.
L’histoire remet en question ces vies influencés et fondées selon des valeurs plutôt [?mercantiles] qu’humaines ou morales (cartes de crédit, marques de fringues, mobilier, possession de biens…). Nous sommes littéralement broyée par le système, par cette société qui nous nourrit et vend des rêves qui ne correspondent à aucun moment à la réalité. Elle finit par nous rendre [?schizophrènes], désenchantés et désespérés. (Bande de malades ! ! ! 😉 )
Il met à mal l’identité masculine contemporaine…L’homme devient un être fragile qui ne sait plus où il en est après trente ans de [?féminisme], qui prend conscience de ses émotions, de sa sensibilité. Il n’assume plus rien et se déresponsabilise totalement. Bref nos mâles deviennent impuissants ! Mais il s’agit de l’impuissance à s’affirmer dans leurs vies et de ce fait cela les mènent souvent à des extrêmes.
Le personnage Jack – moi je préférais Cornélius 😉 – est un célibataire lambda, asphyxié par une vie étroite qui est tourmenté par ses insomnies, ses voyages d’affaire successifs et ses meubles suédois en kit. Il veut, il doit ressembler aux autres, il doit être façonné à l’image du jeune cadre dynamique. A force de subir son existence il finit par s’immiscer, sans être concerné, dans des groupes de soutien aux malades pour combler sa solitude et trouver un sens à sa vie.
Sa rencontre avec Tyler Durden, un marchand de savon complètement taré qui partage son dégoût du système, va l’amener au renoncement, à l'[?abnégation]. Tous deux ne s’accomplissent plus que dans des combats à mains nues entre anonymes. Ainsi naît le Fight Club qu’ils créeront ensemble. Tous sont obsédés par le même sentiment de vide existentiel. Mais les êtres humains sont tellement conditionnés qu’ils passent de la domination économique à la soumission idéologique, le Fight Club prend la forme d’une milice dévouée à Tyler… entre secte et philosophie destructrice…
Chuck PALANHIUK ne fait que révéler tout ce qu’il y a de plus pourri dans la nature humaine. Il mélange les symboles, l’utilisation que l’on en fait par les croyances, les idéologies, la folie collective ou individuelle. Il est très méfiant à l’idée que l’être humain ait besoin d’appartenir à un groupe. Il se méfie des déviances qu’il pourrait résulter de ces communautés comme les sectes et la manipulation des masses. Pour lui, le danger est que l’on perde la singularité de l’individu au profit du groupe qui cherchera à vous rattacher à lui et qui vous poussera à penser que vos désirs sont forcément les mêmes que ceux des autres. Le danger qu’une communauté absorbe ce que vous êtes.
Son style propose une vision à la fois drôle et noire mais surtout complètement déjantée de notre monde. Il donne un regard déprimant et ironique sur l’humanité, ses loosers à la recherche d’un sens à leur vie… qui subissent l’histoire. Pour lui, le monde est taré et par conséquent les humains qui le composent aussi.
Ses thèmes tournent principalement autour des problèmes liés à l’identité – qui sommes-nous, quels sont les buts de l’existence, dans quel état j’erre ? – à sa construction mais aussi à sa destruction.
C’est durant le montage de The Game que FINCHER va lire le livre et décidé de réaliser ce projet. On retrouve les paysages urbains glauques de FINCHER durant tout le film dû à cette ambiance sombre, poisseuse comme dans Alien 3 et Seven. L’écriture rapide et incisive de Palanhiuk se retrouve dans le rythme du film grâce à la mise en scène par tableaux successifs de FINCHER. Visuels saturés, ambiance feutrée, lieux exigus voire non-lieux, tout concorde à nous donner un sentiment d’oppression. Mis à part ces lieux uniformisés tels que l’appartement du protagoniste, son bureau, l’aéroport qui sont dotés d’une aura plus qu’aseptisée voire clinique. C’est d’autant plus drôle qu’on peut se demander à quel point le monde extérieur n’est pas un vaste hôpital psychiatrique pour ce personnage dont le monde intérieur est si obscur mais où réside encore un peu d’élan à exister. Ce n’est ni plus ni moins le télescopage de deux mondes, celui des apparences et celui de la singularité de l’individu. Télescopage qui se retrouve dans les images quasi-subliminales du film, elles sont au nombre de quatre et apparaissent avant que Tyler Durden fasse son entrée dans l’histoire. Elles imprègnent le film d’une sensation de manipulation subie, comme si tout se jouait à notre insu et à l’insu du protagoniste. Quelque chose interfère avec ce monde et nous en sommes conscients le temps d’une brève apparition.
Si la violence du film a souvent été décriée elle n’est pourtant que l’illustration de ce que la nature humaine a de plus mauvais. FINCHER démontre que nos sociétés aujourd’hui enfantent les tarés de demain. FINCHER comme PALANHIUK critique et condamne cette violence en révélant ses origines tout aussi blâmables. La scène où Edward Norton frappe Jared Letho (Angel Face) en prétextant qu’il voulait « détruire quelque chose de beau » faisait soudain écho au livre de Boris Vian Et on tuera tous les affreux parodie des romans noirs américains qui dénonce une uniformisation menaçante. Le narrateur détruit ni plus ni moins le diktat du beau, de l’imagerie consumériste du corps.
Le personnage de Jack – Cornelius ou qui que ce soit n’a pas de nom, c’est un personnage ordinaire qui nous renvoit à notre propre anonymat. Avec Durden, tous deux fonctionnent sur le contraste et la complémentarité, l’un ne peut exister sans l’autre… ou presque, ce qui n’est pas sans nous rappeler Docteur Jekyll et Mister Hyde œuvre phare sur le dédoublement de personnalité et du subconscient. La seule présence féminine du film, Helena Bonham-Carter (Martha) est un effet miroir pour le narrateur. Elle accélère l’emprise de Tyler sur le protagoniste. Elle brise l’harmonie entre les deux acolytes. Cette rencontre avec cette femme atypique les mèneront à leur perte à moins qu’elle n’arrive à les libérer… 😉
FINCHER amène tout de même quelques touches d’humour pour ne pas verser dans le sordide, seule échappatoire à cette humanité désespérante.
Je ne peux que vous encourager à lire ou voir cette histoire provocatrice et lucide qui vous mettra d’une manière ou d’une autre « chaos »…! 😛
Morceaux choisis :
« Il y a un adage qui dit qu’on fait toujours du mal à ceux qu’on aime,
mais on oublie de dire qu’on aime ceux qui nous font du mal. »
¤« Marla la grande touriste… son mensonge me renvoyait à mon mensonge. »
¤« Tu as perdu un tas de réponses modulables aux problèmes de la vie moderne. »
¤« Les choses qu’on possède finissent par nous posséder. »
¤« C’est seulement après avoir tout perdu que tu es libre de faire ce dont tu as envie. »
¤« Tyler Durden dit… utilisez du savon. »
¤« In Tyler we trusted. / En Tyler nous mettons notre foi. »
¤« Tyler dit que chercher à s’améliorer, c’est rien que de la branlette. »
¤« Vous n’êtes pas votre job. Vous n’êtes pas votre compte en banque. Vous n’êtes pas le contenu de votre portefeuille. Vous n’êtes pas votre treillis. Vous n’êtes pas un flocon de neige immaculé. Vous n’avez rien d’unique. Vous êtes la merde de ce monde prête à servir à tout. »
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