Quand on pense aux arts martiaux, on pense souvent à l’Asie uniquement mais bien que ce continent soit un vivier extraordinaire en quantité comme en quélité à ce sujet, c’est toutefois loin d’être le seul. Par exemple, voici un art martial russe, le sambo.
Généralités
Le terme SAMBO est un acronyme pour le russe « SAMozashchita Bez Oruzhiya », ce qui signifie en français « Auto Défense Sans Armes ». Le sambo est une forme de lutte développée en Russie pour combiner les formes de lutte traditionnelle des anciennes républiques soviétiques, ainsi que la lutte mongole et divers autres arts martiaux, et les unifier sous un système commun de règles. Le sambo avait également pour but de servir de technique de combat à mains nues pour les forces militaires et de police. Ce mélange de nombreux arts martiaux offre une grande variété de techniques (environ 5000).
Le sambo se décline sous trois formes principales :
– Le sambo sportif : similaire au judo, mais avec quelques différences de règles, de protocole et d’uniforme.
– Le sambo de self-défense : similaire à l’aiki-jutsu, entièrement défensif contre des attaques de criminels armés ou pas. Il est particulièrement adapté pour certaines professions à risques (chauffeurs de taxi, employés de banque, gardes du corps…) et pour les femmes et enfants
– Le sambo de combat : c’est un système très agressif visant à préparer un individu à être efficace dans toutes les situations. Il comprend des techniques des deux autres formes mais les utilise différemment. Il comprend également des techniques dangereuses et interdites dans la forme sportive. Les forces spéciales et militaires russes emploient le sambo de combat comme technique de défense.
Historique
Il y a beaucoup de versions différentes de l’histoire du sambo, en raison du secret autour des activités soviétiques de l’époque et des tensions idéologiques sous-jacentes. L’historique que je donne semble crédible mais n’est peut-être pas la Vérité (j’ai trouvé au moins trois versions très différentes).
En 1918, Lénine créa le Vseobuch, l’organisation responsable de l’entraînement de l’Armée Rouge. Staline alors conseiller de Lénine, ordonna au camarade Voroshilov d’organiser les recherches sur le combat. Il créa donc en 1923 un groupe appelé le Dynamo pour accomplir ces recherches, en assemblant des spécialistes des arts martiaux et en les envoyant étudier les différents systèmes de combat à l’étranger et dans les républiques soviétiques. ¤
Anatoly Kharlampiev se concentra sur les techniques européennes et africaines, V.S. Oschepkov sur les techniques japonaises et V.A. Spiridinov sur les techniques chinoises, mongoles et indiennes. Ces investigations ont duré environ dix ans, n’étant menées que de manière épisodique. Le mélange des techniques natives de l’Union Soviétique (le trinte moldave, le chidaoba géorgien, le khapsagay yakut, le kokh arménien, le kurash azeri et ainsi de suite) et des arts martiaux étrangers, comme la savate, le judo (Oschepkov a étudié avec Jigoro Kano, le fondateur du judo), le karaté, l’aikido, le kung-fu et tant d’autres, était alors connu simplement comme l’Art Martial Russe.
Le terme de sambo a d’abord été créé pour la version sportive, officiellement connue, tandis que la version de combat, appelée CCT ou CQC, était réservée aux forces militaires et de police et dont les secrets étaient protégés pour ne pas être découverts par les étrangers. Ce système, ajouté à la nature éclectique du sambo et à son enseignement très diversifié et moins codifié que les arts martiaux japonais, a pu tromper les cibles de la supercherie. Et ce d’autant plus que la version militaire faisait usage d’armes et ne correspondait donc pas au nom officiel.
L’Institut de Culture Physique de Moscou adopta le sambo en 1930. En 1938, la version sportive fut finalisée et reconnue comme le style de lutte traditionnel de l’Union Soviétique. En 1966, le sambo reconnut même la reconnaissance internationale de la FILA, la Fédération Internationale de Lutte Amateur. Officiellement, Kharlampiev est crédité avec la création du sambo, sans que les autres personnes impliquées soient évoquées.¤
Depuis la chute du régime communiste, le sambo a été distingué de la forme originelle des arts martiaux russes, appelés ROSS (Système d’Auto-Défense Natif Russe).
Les règles de compétitions du sambo sportif
Un match de sambo dure une période de six minutes. Le match est arrêté et les sportifs retournent au centre du ring pour un départ debout dans les conditions suivantes :
– Les sportifs sortent des limites de la zone de combat.
– Il y a un arrêt du temps pour réajuster les uniformes ou en cas de blessure.
– Les sportifs sont inactifs au sol.
– Un des adversaires est pénalisé pour une prise interdite.
Les prises interdites au sambo comprennent :
– La torsion des bras derrière le dos.
– Les prises de soumission sur les épaules, les poignets, le cou, les doigts ou les orteils.
– Les prises sous la ceinture ou à l’intérieur de la manche.
– La pression sur le visage.
– La torsion ou l’écrasement du visage adverse.
– Les coups de poings et les gifles.
– Les fourchettes dans les yeux.
– Les prises d’étranglement.
– Les prises de soumission debout ou en projection.
– L’écrasement du visage contre le sol.
Les scores du sambo sont comptabilisés comme suit:
– Immobilisation : un des combattants doit bloquer le dos de son adversaire contre le sol tout en maintenant le contact avec la poitrine adverse (aves sa poitrine, son côté ou son dos). La prise est brisée quand le contact est interrompu ou si le combattant au sol arrive à se tourner sur le côté ou sur le ventre. On compte une seule immobilisation par match, à hauteur de 2 points pour 10 secondes, ou 4 points pour 20 secondes. Une fois une immobilisation comptée, le combattant n’a pas le droit d’en tenter une autre.
– Prise de soumission: sous ce terme sont rassemblées les clés de bras et de jambes qui forcent l’adversaire à se rendre en appelant ou en frappant le sol deux fois. Une soumission termine le match.
– Projection : les projections sont comptabilisées un peu à la manière du judo. Les adversaires doivent être sur leurs pieds et l’un d’entre eux doit déséquilibrer l’autre et le projeter au sol d’un seul mouvement ininterrompu. Le score obtenu dépend de la manière dont l’adversaire atterrit et si le projeteur reste debout (ce paramètre double le score). Une projection parfaite termine le match: la victime tombe sur le dos et le projeteur reste debout. Dans les autres cas, le projeteur gagne 1, 2 ou 4 points.
Un match de sambo peut être remporté de diverses manières :
– Victoire totale : une projection parfaite ou une soumission termine le match immédiatement.
– Supériorté technique : une différence de score de 12 points termine le match immédiatement.
– Différence des points à la fin du match : le match est remporté par celui qui a le plus de points. En cas d’égalité, il y a une prolongation d’une minute, puis une décision des arbitres en cas d’égalité.
Les techniques du sambo
Selon A.A.Kharlampiev, les techniques du sambo sont divisées en quatre catégories: le combat debout, le combat au sol, les déplacements de debout au sol et les déplacements du sol à debout.
Méthodes de combat debout
Le sambo utilise cinq types de distances :
– Distance de non-prise : les adversaires ne se touchent pas et se déplacent sans tenter de prise.
– Distance longue : les adversaires peuvent s’attraper par les manches.
– Distance moyenne : les adversaires peuvent s’attraper par la veste sur la poitrine.
– Distance courte : les adversaires peuvent s’attraper par la jambe, le dos ou le cou.
– Distance rapprochée: les adversaires sont au contact corps contre corps.
Il y a également quatre types de prises pour agripper son adversaire :
– Prises principales: un des adversaires fait une telle prise pour préparer une projection avant son opposant.
– Prises de réponse: cette prise, effectuée en réponse à une prise principale, peut également être utilisée pour une projection.
– Prises de défense: cette prise est utilisée pour réduire les chances de l’adversaire d’accomplir une projection.
– Prises préparatoires: cette prise est employé pour préparer une prise plus confortable pour une projection.
L’essentiel des techniques majeures de combat debout est constitué par les divers styles de projections.
Projections effectuées par les jambes :
– Podnozhka : le combattant place sa jambe contre celle de l’adversaire (devant, sur le côté ou derrière, divisant cette technique en trois catégories) et , en le tirant avec les mains, le renverse en le faisant pivoter autour de la jambe.
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– Zatseps : le combattant utilise sa jambe pour crocheter la jambe adverse et projeter l’adversaire en retirant la jambe de sous le centre de gravité, créant un déséquilibre permettant de renverse aisément l’adversaire.
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– Podbivs : le combattant utilise sa cuisse ou sa hanche pour bloquer la jambe adverse et tire simultanément l’adversaire dans l’autre direction avec les mains.
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– Podsechkas : le combattant balaye le pied ou le genou adverse avec le bout de son pied.
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– Podsads : le combattant utilise sa jambe pour soulever la jambe ou le corps de l’adversaire, puis utilise ses mains pour le faire tourner dans la direction souhaitée.
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Projections effectuées par le corps :
– Projections par la cuisse : le combattant utilise son pelvis pour repousser les jambes adverses et les mains pour tirer dans la direction opposée.
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– « Moulins à vent » : le combattant fait rouler le corps adverse sur le sien, en utilisant différentes prises de départ.
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– Projections au dessus du dos : le combattant fait tourner l’adversaire par dessus son épaule.
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– Projections par dessus la poitrine: le combattant attrape son adversaire poitrine contre poitrine et le projette sur la gauche ou la droite en s’appuyant sur sa poitrine.
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Projections effectuées par les mains :
– Projections de déséquilibre : le combattant déséquilibre son adversaire à longue distance et le renverse en tirant ses manches.
– Projections par une jambe : une main attrape la jambe et l’autre la manche, la ceinture ou l’avant-bras. Le renversement s’effectue avec des tractions opposées des deux mains.
– Projections par les deux jambes : le combattant attrape les deux jambes de son adversaire, simultanément ou une après l’autre, puis le renverse.
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– Renversements : le combattant soulève son adversaire et le retourne pour le projeter sur le dos.
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Méthodes de combat au sol
Les méthodes de combat au sol comprennent les prises d’immobilisation, où le combattant presse son corps contre celui de l’adversaire pour le maintenir au sol sans faire de clé, les techniques pour briser la défense adverse, rendant possible les clés et immobilisations, plus des techniques pour renverser l’adversaire sur le dos.
Les principales méthodes de combat au sol cependant sont les prises de soumission, consistant en des clés portées sur les articulations pour forcer l’adversaire à abandonner le combat.¤
Les clés de bras comprennent le classique lever de coude, les nœuds, les nœuds renversés (ce sont les trois techniques représentées sur les planches ci-dessous), le pincement des biceps et le levier d’épaule. Les clés portées sur les mains sot réservées au sambo de combat.
Les clés de jambes comprennent des pincements des tendons, des leviers de genoux et des clés de hanches.
Déplacements de debout au sol
Ces techniques comprennent des combinaisons de projections et de techniques au sol, des clés préparées depuis la position debout et des techniques de contre-attaque préparées en tombant.
Déplacements du sol à debout
Ces techniques comprennent les mouvements pour se relever, des combinaisons de redressement avec des projections et des projections préparées depuis la position au sol.
Le sambo de combat
Les techniques de combat comprennent toutes les méthodes classiques plus des techniques interdites en sport en raison de leur caractère dangereux. Ces prises dangereuses comprennent des prises (notamment des clés aux articulations les plus fragiles), des projections, des frappes, des coups aux points vitaux et des techniques de combat de rue (utiliser l’environnement et divers objets autres que des armes pour le combat). Le sambo de combat enseigne également le combat à la baïonnette et la défense contre des adversaires armés, ainsi que des techniques de groupe et des techniques d’action policière.
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