Ça veut dire quoi Wushu ?
Ce n’est pas le sobriquet que me donne ma grand-mère, ce n’est pas non plus un plat à base de nouilles de riz ou encore le souffle de l’aspirateur ! ! !
Il s’avère que le terme « Kong Fu » a été dénaturé par les américains, en Chine on favorise les termes Wushu (Art chevaleresque), Kuo shu (Art du pays ou Art national) ou Chung Kuo Chuan (Poing du pays du Centre ou Poing Chinois). Apparemment « Kong Fu » est plutôt réservé à l’exportation vers les « Kwai Lo » littéralement les fantômes blancs… c’est à dire nous ! ! 😉
Et si toi, petit « Kwai Lo » tu essaies de traduire Wushu avec un dictionnaire courant tu feras l’erreur de l’interpréter par «Art de la Guerre»… Or Wushu signifie originellement « Art s’opposant à la violence » et cet art regroupe la technique, la philosophie, la pharmacopée, l’acupuncture, la méditation etc…
Mais alors, (te dis-tu) que veux dire « Kong Fu » ou « Gung Fu » ? Et bien ce terme signifie travail accompli ou réalisation personnelle et nous avons tort de l’employer seul. Ainsi pour les arts martiaux il est plus convenable d’ajouter ce à quoi on se réfère. Je vais faire simple…
« Kong Fu » = Réalisation Personnelle
« Wushu » = Art s’opposant à la violence
« Kong Fu Wushu » = « réalisation personnelle dans l’art s’opposant à la violence »
Le terme « Kong Fu » implique un niveau atteint dans une quelconque discipline la littérature, l’aquarelle, la vaisselle ou les arts martiaux. On a le Kong Fu en repassage ou on ne l’a pas petit Kwai Lo ! ! 😀
Et si on rentre dans des considérations métaphysiques, on peut dire que le Kung Fu Wushu est la recherche la plus profonde entre l’union de l’esprit et du corps, l’épanouissement du moi (ou du toi ! !) dans notre univers, pour arriver à la longévité. Alors Kwai Lo… tu le ressens le Tao ? 😉
Ça vient d’où le Wushu ?
Et bien petit Kwai Lo, les arts martiaux chinois ont toujours été liés à l’histoire de la Chine (du coup c’est un bazar sans nom, parce qu’entre les rivalités des monastères Shaolin et les enseignements du Mont Wu Dang, l’effondrement des dynasties, les triades… j’en ai pour l’année à vous conter les multiples sources du Wushu… et j’ai pas toute la soirée non plus ! ! ! 😛 ). Les arts martiaux étaient déjà présents 3000 ans avant Jésus Christ, sous le règne de l’empereur HUANG TI. Mais il faudra attendre le sixième siècle pour voir apparaître le Kung Fu Wushu (voir leçon d’arithmétique plus haut ! ! 😉 ).
L’Empereur HUANG TI (environ 2700 avant J.C.) aurait enseigné à ses troupes un type d’arts martiaux appelé CHIOU TI. Un médecin qui s’appelait HUAO TO aurait apporté un ensemble d’exercices en s’inspirant des mouvements de cinq animaux. Le premier style de combat, appelé « longue main » serait attribué à un certain KWOK YEE (environ 25-220 après J.C… on n’est pas très sûr en fait… je sais la marge est grande… mais on n’a pas trouvé de photos de l’époque ! Savoir et techniques étaient diffusés oralement !).
En 527 le moine indien Ta Mo, plus connu sous le nom de BODDHIDARMA (Daruma en Japonais) – à ne pas confondre avec le Body Damart beaucoup moins pratique pour le combat en charentaises ! ! – , arrive au monastère de Shaolin, dans la province de Honan et demande asile et protection. Il serait le fils aîné du Roi Sughanda, descendant du Bouddha, ce qui faisait de lui le vingt huitième patriarche indien (enfin c’est lui qui le dit…). Comme les moines Shaolin étaient en très mauvaise condition physique et que par conséquent cela les empêchait de pratiquer correctement la méditation, il leur donna des notions d’hygiène, de médecine, et leur enseigna une série de 18 exercices afin de maintenir leur corps en bonne santé. Ces usages furent considérés par certains comme étant à l’origine même des diverses pratiques martiales réputées du Monastère donc de la plupart des Arts Martiaux Chinois (Wushu ou Kuoshu) et donc des origines des Arts Martiaux Japonais (Bujutsu et Budo).
Au 16e siècle, CHUEH YUAN, expert en arts martiaux qui rejoint le temple de Shaolin, révise les 18 mouvements de Boddhidarma et créé 77 techniques à partir de ces mouvements. Il voyage ensuite dans toute la Chine afin de compléter ses connaissances et reviendra au monastère avec deux autres experts, Pai et Li. Les trois hommes fixeront un système de 170 mouvements qui contiendra 5 styles qui deviendront la base de dizaine d’autres.
En 1949 lorsque MAO TSE TOUNG vient au pouvoir, de nombreux maîtres quittent la Chine pour s’installer à Taiwan. D’autres iront à Hongkong pour rejoindre leurs familles. Ce qui explique que cet art se trouve dispersé en trois régions : la Chine Populaire où il a longtemps été interdit, Hongkong et Taiwan.
Les instances du sport s’organisèrent en 1953 et donnèrent naissance en 1958 à l’association nationale de Wushu à Pékin. La Fédération Internationale de Wushu (FIWU), est reconnue depuis 1995 par le Comité Olympique International (COI) et compte des membres dans plus de 78 pays et dans tous les continents. Nous retrouverons cette discipline aux prochains Jeux Olympiques qui se dérouleront en Chine.
Ça se pratique comment le Kung Fu Wushu ?
La première question que l’on doit se poser c’est de savoir pourquoi l’on souhaite pratiquer le Kung Fu Wushu. Soit on aime vraiment étudier, soit on veut simplement donner une bonne raclée pour affirmer sa supériorité sur les autres. Se battre montre généralement sa propre faiblesse, son besoin de s’affirmer ou de se faire entendre. L’aspect brutal du combat et l’esprit rustre du guerrier ne sont qu’une petite partie du pratiquant de Kung Fu Wushu, en parallèle doit être travaillé le précepte culturel et martial (wen wu jie he).
Le Kung Fu Wushu a un objectif plus élevé qu’une chatouille derrière les oreilles et celui qui pratique doit toujours rechercher le Chen-jin-zi ren (pose-calme-naturel) pour développer ses aptitudes dans une situation de conflit.
Il existe un dicton chinois qui dit : « quand il est calme, il est comme une jeune fille silencieuse assise sur le bord d’un mur, quand il bouge, il est comme la souris, quand il attaque, il est féroce comme le tigre« . La pratique du Wushu recherche le calme et la décontraction aussi bien que la rigueur et la dureté pour arriver à contrôler ces forces physiques et psychiques. Contraction et expansion, yin et yang, positif et négatif sont des notions en étroite relation avec le Wushu.
Sa pratique a pour objectif :
– Apprendre à combattre
– Conserver et améliorer l’état de santé, l’efficacité physique et mentale
– Fortifier le caractère et les qualités morales
– S’exprimer sur le plan artistique
L’autre but serait de développer l’essence jing, et le souffle vital (l’énergie) qi ainsi que l’âme shen.
– Le qi est la substance vitale qui circule dans les êtres vivants, ou le souffle vital. Il est dirigé par la pensée. Il y a le qi d’origine, qu’on possède à la naissance, et le qi qu’on accumule durant sa vie par l’absorption des aliments, de la boisson et de l’air (faut arrêter les sodas, petit Kwai Lo ! !). Il y a des souffles chauds et positifs, et des souffles froids et négatifs.
– Le jing est l’essence, la substance originelle de l’être vivant. Quand il n’y a plus de jing dans un être, il meurt.
– Le shen ou l’âme qui est la condition divine de l’être humain. Le cœur ou xi qui n’est pas seulement un moteur mais est aussi celui qui dirige les émotions et la pensée ou yi, serait l’antre de l’âme.
Je récapitule petit Kwai Lo, je te sens un peu perdu là… Le coeur xin dirige la pensée yi, la pensée dirige le souffle vital qi, le souffle vital dirige l’âme shen, l’âme dirige l’essence jing, l’essence dirige l’action yin/yang.
A un niveau très élevé, le qi doit dépasser le corps et n’être qu’un avec la nature. Ces notions sont le fruit de plusieurs milliers d’années de recherche des moines taoïstes pour accéder à une vérité « cosmologique ». (Après si tu préfères siroter tes sodas et continuer à hurler tout schuss sur les pistes enneigées d’une obscure station de ski… c’est ton problème petit Kwai Lo ! ! ! 😉 )
Le Kung Fu Wushu comporte une partie technique composée d’un ensemble de postures et de mouvements représentant un combat contre un ou des adversaires imaginaires. C’est ce qu’en chinois on désigne par TAO. Il se pratique les mains nues ou avec une arme. Parmi ses TAO à mains nues, beaucoup représentent des techniques animalières telle le serpent, le tigre, l’aigle, le léopard, la mante religieuse, etc… On trouve aussi bien des techniques de combat pied-poing (équivalent du karaté japonais) que des clefs d’immobilisation, de la lutte et des projections (judo/aïkido au Japon). Aujourd’hui il y aurait environ 400 styles de combat à main nue et une centaine d’armes différentes, dont les plus classiques sont le bâton, l’épée, le sabre, la hallebarde, la lance, le tri-bâton, la chaîne…
Les armes
Le Kung Fu Wushu regroupe parmi ses techniques le travail des armes. Mais il existe 3 armes de base…
– Le bâton est une arme longue et sert de base de travail pour la hallebarde, la lance…
– Le sabre, qui lui est classé dans les armes courtes tel que le couteau…
– Le tri-bâton, fait partie des armes articulées et sert de base à la chaîne et aux autres armes articulées.
Travailler les armes est important pour progresser. Essayer de ne faire qu’un avec le corps, l’esprit et l’arme est très enrichissant et développe les sens. Mais il faut auparavant savoir maîtriser le corps avant de commencer le travail des armes. Et n’oublies pas petit Kwai Lo, Couvreur (auteur du Dictionnaire Classique de la langue Chinoise – 1880) définissait Wu de la manière suivante « Wu : la vraie bravoure qui arrête l’action de la lance. Le vrai brave est celui qui est capable de faire cesser l’action des armes sans utiliser celles-ci… ». Il est bon de savoir que « tout objet peut devenir une arme »… Médites avant de faire n’importe quoi avec la souris du micro qui n’est pas une arme articulée !
Les buts du Kung Fu Wushu
Le Wushu a été inventé pour arrêter la violence. La connaissance des lois naturelles de l’univers, et de ce qui nous entoure fait prendre conscience de l’inutilité de cette agressivité et aide à maîtriser toutes pulsions sans quoi cette dérive dans la violence devient inéluctable.
Plus un pratiquant avance dans le Kung Fu Wushu moins le besoin de se mesurer aux autres ne l’intéresse car il trouve en lui un adversaire encore plus difficile à maîtriser (nous sommes souvent notre plus grand ennemi ! !). Il rentre alors en harmonie avec ce qui l’entoure et peut enfin trouver la sérénité.
Le Kung Fu Wushu ne se limite pas au système de combat. Il dispose de sa propre philosophie et peut devenir un mode de vie. Maîtriser son esprit, contrôler le mental permet de trouver l’équilibre face aux agressions psychologiques par exemple. (Ne pas en abuser… on a vu ce que cela a donné chez JC Vandamme ! ! ! :-D) Il apprend à se respecter, à exiger un effort de réflexion. Il aide à comprendre ses limites et ses exigences physiques et mentales. En outre, il englobe des techniques susceptibles de guérir des maladies, de blesser à retardement, voir même de tuer, et selon certains, il procure l’immortalité (du coup pas la peine de se trimballer avec une lame de 2 mètres 12 comme cet écossais de Mac Leod… en plus c’est pas très discret !). C’est le premier art martial qui utilise, de manière rationnelle, toutes les armes naturelles du corps dans une variété impressionnante de styles.
Les 12 vertus animales principales
Si tu as bien suivi petit Kwai Lo, j’ai parlé plus haut du médecin HUAO TO voici pour finir quelques exemples de ses techniques, la liste n’étant pas exhaustive.
– Le dragon (lung) : vivacité et concentration.
– Le faucon (yao)
– L’hirondelle (yen) : équilibre
– Le tigre (hu) : puissance et détermination.
– Le singe (hou) : ruse et adresse.
– Le cheval (ma).
– L’aigle (ying)
– Le poussin (chi)
– Le serpent (she) : force interne.
– L’ours (hsiung) : courage.
– La tortue (Knei) : longévité.
– Le léopard (pao) : vitesse et force musculaire.
Lexique
Saluer : Qing Li – Voie : Tao (ou Dao)- Energie vitale : Qi – Maître : Shifu – Bonjour : NiHao – Prêt : Yu Bei – Commencer : Kai Chi – Arrêt : Ting Shi
Les armes
Baton : Gun – Lance : Qiang – Sabre : Dao – Epée : Jian – Hallebarde (longue) : Quan Dao – Tri baton : San Jie Gun – Chaîne à 9 sections : Jiu Jie Bian – Eventail : Tie San – Parapluie : Yu San
Voilà petit Kwai Lo, je sais que le sujet méritait au moins un e-zine entier mais je pense que Calopsfr serait fâché de ne pas pouvoir vous donner la suite des aventures d’AngeLighT 😀 J’aurais au moins essayé et j’espère que cela t’aura donné envie de pratiquer la technique du poussin ! (chi ! chi !) Bien sûr si tu as des éléments supplémentaires à apporter à cet article… tu es le bienvenu… Petit Kwai Lo ! 😉
Commentaires récents